
HORLOGES
ASTRONOMIQUES
L'horloge astronomique de Stralsund
L’horloge astronomique de Stralsund est hébergée dans l’église Saint Nicolas (St. Nikolaikirche en allemand). Il s’agit de la plus ancienne horloge de la région Baltique et des villes marchandes dites hanséatiques. Ces dernières avaient d’ailleurs pris l’habitude de faire ériger des horloges astronomiques pour prouver leur puissance économique et politique.
L’horloge de Stralsund a été commandée en 1394 à Nikolaus Lilienfeld, un ingénieur et horloger allemand. Les premières années de l’horloge sont assez méconnues car il n’existe aucun document la concernant datée de cette époque. On sait juste qu’elle a été frappée par la foudre en 1480, ce qui pourrait être à l’origine d’une mise à l’arrêt (mais peut-être était-elle déjà arrêtée avant cet événement violent). Des études récentes montrent que les mécanismes en place sont ceux d’origine et qu’une infime partie des pièces a disparu. Aucun entretien sérieux n’a été entrepris au fil du temps concernant les pièces mécaniques si bien que l’horloge n’a pas fonctionné de façon optimale une grande partie de son histoire. Seul l’aspect extérieur a été conservé a minima avec des remises en peintures et des rénovations régulières.

Pour la découvrir
L’accès à l’église Saint Nicolas (St. Nikolaikirche) se fait par la Semlowerstrasse, non loin de la très jolie place du marché et son bel hôtel de ville. Tarif d’entrée : 4 €. Horaires d’ouvertures : de novembre à mars, du lundi au samedi de 10h à 16h et les dimanche et jours fériés de 12h à 15h ; d’avril à octobre, du lundi au samedi de 10h à 18h et les dimanche et jours fériés de 12h30 à 16h.

L’horloge de Stralsund est un astrolabe, c’est-à-dire une projection stéréographique du ciel. On pouvait ainsi voir l’aspect de la voûte céleste à un moment donné, savoir quels astres étaient visibles et lesquels étaient couchés sous l’horizon. Le cercle du zodiaque et du calendrier permettait de connaître la date et de savoir dans quelles constellations se trouvaient le Soleil et la Lune. Les aiguilles ont aujourd’hui disparu, mais il y en avait deux à l’origine : une portant le Soleil et qui indiquait les heures et la position de l’astre du jour ; et une aiguille portant une sphère bicolore de la Lune qui permettait de connaître sa phase et où notre satellite se situait dans le ciel. De nos jours, on peut encore voir d’autres tracés, notamment les lignes de tropiques et de l’équateur, ainsi que les courbes des heures inégales.
Parmi les peintures ornant l’horloge, on remarque quatre personnages. En haut à gauche, c’est Claude Ptolémée, géographe, mathématicien, le plus célèbre astronome de l’antiquité. En haut à droite, c’est Alphonse X de Castille, mécène des arts et des sciences et roi du Saint Empire romain germanique. Il chargea des savants de recalculer les mouvements de la Lune et des planètes, ce sont les célèbres tables alphonsines. En bas à gauche, on trouve Ali ibn Ridwan, un médecin considéré comme l’un des plus connus des érudits arabes. En bas à droite, c’est Albumasar, le plus célèbre des astrologues persans dont de nombreux ouvrages ont été traduits en latin et importés en Europe. Enfin, sur l’une des faces latérales du buffet, on voit une peinture représentant un personnage accoudé à une fenêtre : c’est l’horloger Lilienfeld qui s’est représenté lui-même… Il observe alors ceux qui admirent son œuvre.
Une anecdote
En 1391, Karsten Sarnow, un tailleur réputé, est élu maire. Son prédécesseur, Bertram Wulfman est sommé de rendre des comptes sur l’utilisation qu’il avait pu faire des fonds municipaux durant les 30 ans où il fut aux affaires. Plutôt que d’acquiescer, il préfère fuir vers Lübeck et parvient à monter les autres notables de la ligue Hanséatique contre Sarnow. Celui-ci tombe en disgrâce et fini même par être exécuté en 1393 sur la place du marché, face à l’hôtel de ville. Wulfman retrouve alors un poste de conseiller municipal dans une ambiance délétère.
C’est dans cette période de troubles qu’a été planifiée et construite l’horloge de Stralsund, ce qui explique sans doute que le calendrier n’ait jamais été achevé, faute de financement. Son emplacement était pourtant prévu dans la partie inférieure, sous l’astrolabe, comme c’est d’ailleurs le cas à Rostock ou à Lübeck.